Norah Lange >> Prosa y Poesía con traducción al francés
Cuadernos de Infancia – La madre 1937
La veo ribeteada de una ternura que nadie podría tocar sin deshacerle algo, sin agregarle más gracia de la que era necesaria y real.
Montaba su caballo, vestida con esos faldones amplios, opacos, que se usaban en aquella época.
La veíamos toda entera de un lado del caballo, la cara escondida bajo el ala del chambergo negro. Del otro, una sola mano enguantada; el perfil tan claro, como si de pronto se acercara a una lámpara.
Parecía que toda la figura hiciera contrapeso, desde un flanco del caballo, al otro, al luminoso, al íntegro de su rostro. Montando así, nos alcanzaba una doble dulzura: podíamos verla de un costado, del costado de la sombra, del menos conocido, y del otro, en donde estaba toda, la recuperábamos intacta, idéntica al panorama de cariño que nos mostraba todos los días.
Mi padre al levantarla hasta la montura, sólo necesitaba juntar las manos para que ella apoyara un pie. La madre subía y, de inmediato, ya lista, se quedaba atenta esperando. Todos sus gestos, aunque fueran nuevos, vivían en seguida un paisaje habitual.
Mi padre hacía avanzar su tordillo, y al infligirle con su bota pequeños golpes en las patas, el caballo estiraba las delanteras y las posteriores en direcciones opuestas, hasta que la montura descendía a un nivel en que no era necesario emplear los estribos.
En semicírculo, nosotras comentábamos la actitud sumisa y obediente del caballo, y después de proporcionarnos ese espectáculo, se alejaban con un trote lento.
El lado resplandeciente de la madre desaparecía, y sólo nos quedaba el menos familiar, el más austero. Al acercarse a los primeros álamos que limitaban la quinta, recién sentíamos que algo nos faltaba. La barba rojiza de mi padre era lo único que divisábamos.
Ahora sé que el otro lado de la madre, el luminoso, iba muy cerca suyo.
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Traducción: Nelly Lhermillier
Je la vois entourée d’un liseré de tendresse que personne ne pourrait toucher sans en défaire quelque chose, sans lui ajouter plus de grâce que celle qui était nécessaire et réelle.
Elle montait à cheval vêtue de ces jupes amples, opaques, qu’on utilisait en ce temps-là.
Nous la voyions tout entière d’un côté du cheval, le visage caché sous le large bord du chapeau noir. De l’autre, une seule main gantée; le profil si clair, comme si elle s’était tout à coup approchée d’une lampe.
On aurait dit que toute la silhouette faisait contrepoids, d’un flanc du cheval à l’autre, au lumineux, à son visage. Lorsqu’elle montait ainsi, une double douceur nous atteignait: nous pouvions la voir d’un côté, du côté de l’ombre, le moins connu, et de l’autre, où elle était tout entière, nous la retrouvions intacte, identique au tableau d’affection qu’elle nous montrait tous les jours.
Mon père, en la soulevant jusqu’á la monture, avait simplement besoin de joindre les mains pour qu’elle y appuie un pied. Mère montait et, aussitôt, deja prête, attentive, elle restait en attente. Tous ses gestes, bien qu’ils fussent nouveaux, vivaient tout de suite un paisaje habituel.
Mon père faisait avancer son cheval gris, et lorsque, avec sa botte, il lui infligeait de petits corps sur les pattes, le cheval étirait celles de devant et celles de derrière jusqu’à ce que la monture descende à un niveau auquel il n’était pas nécessaire d’employer les étriers.
En demi-cercle, nous les filles, nous commentions l’attitude soumise et obéissante du cheval; après nous avoir offert ce spectacle, ils s’éloignaient au petit trot.
Le côté resplendissant de mère disparaissait, et il nous restait seulement le moins familiar, le plus austère. Lorsqu’ils s’approchaient des premiers peupliers qui limitaient la propriété, nous avions l’impression que quelque chose nous manquait déjà. Tout ce que nous apercevions, c’était la barbe rousse de mon père.
Je sais maintenant que l’autre côté de mère, le côté lumineux, allait tout près du sien.